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Ayn Rand

Ayn Rand

Américaine d'origine russe
1905 - 1982
première lecture conseillée :
"La vertu d'égoïsme"

Sa vie

Ayn Rand est née en Russie, à Saint-Pétersbourg, le 2 février 1905. Très jeune décidée à devenir écrivain d'inspiration européenne, elle admire Victor Hugo, et se sent  en opposition avec le mysticisme et le collectivisme de la culture russe. Elle fut témoin de la révolution de Kerenski, qu'elle soutint, et de la révolution bolchevique, qu'elle condamna dès le début. Ruinée par la confiscation de la pharmacie paternelle par le régime communiste, elle poursuivit ses études dans des conditions difficiles, étudiant la philosophie et l'histoire à l'université de Petrograd, où elle expérimenta la désintégration de la liberté de pensée.
Attirée par le modèle américain, représentatif à ses yeux  d'une nation d'hommes libres, elle s'intéresse notamment à son cinéma, et entre à l'institut d'État des arts cinématographiques en 1924. Ayant obtenu une autorisation de sortie de Russie soviétique pour visiter de la famille, elle arrive à New-York en février 1926, bien décidée à ne pas revenir. Après un séjour à Chicago, elle entreprend une carrière de scénariste à Hollywood, où elle épouse l'acteur Franck O'Connor en 1926, avec qui elle restera mariée jusqu'à sa mort.
Après des emplois divers, elle parvient à vendre son premier scénario en 1932 (Red Pawn) et faire jouer sa première pièce à Hollywood, puis à Broadway (Night of January 16th). Elle parvient, non sans difficulté, à faire publier son premier livre, contre le régime soviétique, en 1936 (We the living). Son premier roman, à la gloire de l'individualisme, The Fountainhead, finalement publié en 1943, après le refus de nombreux éditeurs, connut un très grand succès. Elle en tira un scénario du même nom, qui ne fut produit qu'après la guerre, en 1948. Sa dernière et plus importante œuvre de fiction, Atlas Shrugged, l'occupa dix ans, de 1946 à sa publication en 1957. La nature même de cette œuvre lui fit comprendre qu'il lui fallait poursuivre son travail sur un plan théorique.
Elle se consacra ensuite à préciser sa philosophie, l'objectivisme Elle publia sa propre revue de 1962 à 1976, qui lui fournit le matériau pour ses divers livres philosophiques. Elle mourut le 6 mars 1982 dans son appartement de New-York. Ses livres continuent de nos jours à avoir un succès important. Son oeuvre en fait une théoricienne importante du libéralisme. Face à l’altruisme sacrificiel et au tribalisme, elle entend défendre la vertu d’égoïsme, fondée sur la raison et la conscience. La vie de l’homme est considérée comme le fondement de toute valeur, et sa propre vie est le but éthique de tout individu.

Son œuvre

En traduction française : La source vive, Nous les vivants, La vertu d'égoïsme.

Citations

1. Conscience et raison, moyens de survie
La conscience, pour les organismes vivants qui la possèdent, est le moyen fondamental de survie. Pour l'homme, le moyen fondamental de survie est la raison. L’homme ne peut survivre, comme le font les animaux, au moyen des seuls percepts. Une sensation de faim lui indiquera qu'il a besoin de nourriture - si, au préalable, il a appris à identifier cette sensation comme telle ; toutefois, cette sensation ne lui indiquera nullement comment obtenir sa nourriture, ni si elle sera bonne ou mauvaise pour lui. L’homme ne peut satisfaire ses besoins physiques les plus élémentaires sans un processus rationnel. Ce processus lui est nécessaire pour savoir comment cultiver sa nourriture et fabriquer ses outils de chasse. Ses percepts pourraient le conduire à une caverne (s'il y en a une de disponible) ; mais même pour construire le plus simple des abris, il a besoin de la pensée rationnelle. Aucun percept ni aucun «instinct » ne lui indiquera comment allumer un feu ou tisser des vêtements, comment fabriquer des outils, une roue ou un avion, comment réussir une appendicectomie, comment produire une ampoule électrique, un tube électronique, un cyclotron, ou une boîte d'allumettes. Pourtant sa vie dépend de telles connaissances, et seul un acte volontaire de sa conscience, un processus rationnel, le lui procurera.
Mais la responsabilité de l'homme va encore plus loin : la pensée rationnelle n’est pas automatique, ni «instinctive », ni involontaire, ni infaillible. L'homme doit en prendre l'initiative, l'entretenir et en être responsable pour en supporter les conséquences. Il doit découvrir comment reconnaître le vrai du faux, comment corriger ses propres erreurs, et comment valider ses concepts, ses conclusions et sa connaissance. Bref, il doit découvrir les règles de la pensée et les lois de la logique, pour diriger sa pensée. La nature ne lui donne aucune garantie automatique de l'efficacité de son effort mental.
Rien n’est donné à l'homme sur terre, sauf un potentiel et le matériel pour en disposer. Le potentiel est une machine extraordinaire - sa conscience. Mais c'est une machine sans bougie d’allumage, et pour laquelle sa propre volonté doit être à la fois la bougie d'allumage, le démarreur et le conducteur. C'est l'homme lui-même qui doit découvrir comment 1'utiliser, et c'est lui-même qui doit la maintenir constamment en action. Le matériel est l'ensemble de l'univers, et à cet égard, aucune limite n’est fixée aux connaissances qu'il peut acquérir et à la jouissance de la vie à laquelle il peut parvenir. Mais tout ce dont il a besoin et ce qu'il désire doit être appris, découvert et produit par lui, par son propre choix, son propre effort et son propre esprit.
Un être qui ne sait pas automatiquement ce qui est vrai ou faux, ne peut savoir automatiquement ce qui est bien ou mal, ce qui est bon ou mauvais pour lui. Pourtant, il a besoin de cette connaissance pour vivre. Il n'est pas exempt des lois de la réalité. Il est un organisme spécifique, d'une nature spécifique et qui a besoin, en conséquence, d'actions spécifiques pour se maintenir en vie. Ce qu'il ne peut faire par des moyens arbitraires, des choix aléatoires ou des envies irrésistibles, ni par chance ou par caprice. Ce qui est requis pour sa survie est déterminé par sa nature ; à cet égard, il ne dispose d'aucun choix. Les seuls choix auxquels il doit faire face sont de savoir s'il découvrira ou non ce qui est requis pour sa survie, c'est-à-dire sa nature, et s'il choisira les bons objets et les bonnes valeurs ou non. L’homme est libre de faire de mauvais choix, mais non de réussir s’il en fait. L’homme est libre de fuir la réalité, de ne pas concentrer son esprit et de dévaler aveuglément toutes sortes de routes sinueuses et escarpées, mais pas d'éviter l'abîme qu'il refuse de voir. Pour tout organisme conscient, pour toute conscience vivante, la connaissance est le moyen de survie, et chaque «est» implique un «doit». L’homme est libre de choisir de ne pas être conscient, mais non d’échapper aux conséquences de son inconscience : la destruction. L’homme est la seule espèce vivante qui a le pouvoir d'agir comme son propre fossoyeur. Et c'est la façon dont il a agi la plupart du temps au cours de son histoire."

2. Aimer, c'est valoriser
Aimer, c'est valoriser. Seul un homme rationnellement égoïste, un homme qui a l’estime de soi est capable d’amour, parce qu’il est le seul homme capable d'avoir des valeurs fermes et cohérentes, sans compromis et avec intégrité. L’homme qui ne se valorise pas lui-même, ne peut valoriser personne ni quoi que ce soit.
C'est uniquement en se fondant sur l'égoïsme rationnel, sur la justice, que les hommes peuvent avantageusement se réunir pour vivre ensemble dans une société libre, pacifique, prospère, bienveillante et rationnelle.

3. Critique du sacrifice
Un «sacrifice» c'est l'abandon d'une valeur plus grande pour le bénéfice d'une valeur moins grande ou d'une non-valeur. Ainsi, l'altruisme jauge la vertu d’un homme par le degré avec lequel il abandonne ses valeurs, y renonce ou les bafoue, puisque l'aide à un étranger ou à un ennemi est considérée comme plus vertueuse, moins «égoïste», que l’aide à ceux qu'on aime. Le principe de la conduite rationnelle est exactement à l’opposé, agissez toujours en accord avec la hiérarchie de vos valeurs et ne sacrifiez jamais une valeur plus grande à une moins grande.
Cela s'applique à tous nos choix, incluant nos actions envers autrui. Cela nécessite que l'on possède une hiérarchie bien définie de valeurs rationnelles (des valeurs choisies et validées par une norme rationnelle). Sans une telle hiérarchie, ni les conduites rationnelles, ni les jugements de valeur efficaces, ni les choix moraux ne sont possibles.
L’amour et l'amitié sont des valeurs profondément personnelles et égoïstes : l’amour est l’expression et l'affirmation de l’estime de soi, une réponse à nos propres valeurs que l'on retrouve dans l'autre. On retire une joie profondément personnelle et égoïste de la simple existence de ceux que l’on aime. C'est notre propre bonheur personnel et égoïste que l'on recherche, mérite et recueille par l'amour.
Un amour «altruiste» et «désintéressé» est une contradiction dans les termes - cela signifie que l'on est indifférent à ce que l’on valorise.
La préoccupation pour le bien-être de ceux que l'on aime est une part rationnelle de nos intérêts égoïstes. Si un homme passionnément épris de son épouse dépense une fortune pour la guérir d'une douloureuse maladie, il serait absurde de prétendre qu'il le fait à titre de «sacrifice» pour son bénéfice à elle, pas le sien, et que pour lui, personnellement et égoïstement, cela ne fait aucune différence qu’elle vive ou qu’elle meurt.
Toute action qu'un homme entreprend pour le bénéfice de ceux qu’il aime n’est pas un sacrifice si, dans la hiérarchie de ses valeurs, et dans le contexte global des choix auxquels il fait face, cette action réalise ce qui est pour lui de la plus grande importance personnelle et rationnelle. Dans l'exemple ci-dessus, la survie de son épouse est une valeur plus grande pour le mari que tout ce que son argent pourrait acheter d’autre, c'est ce qu'il y a de plus important pour son propre bonheur et, en conséquence, son action n’est pas un sacrifice.
Supposez maintenant qu'il la laisse mourir de manière à pouvoir dépenser son argent pour sauver la vie de dix autres femmes qui ne signifient rien pour lui - comme l’exigerait l'éthique de l'altruisme. Cela serait un sacrifice. C'est ici qu'apparaît le plus clairement la différence entre l’objectivisme et l'altruisme : si le sacrifice est le principe moral d’action, alors le mari devrait sacrifier son épouse pour le bénéfice des dix autres femmes. Qu'est-ce qui distingue l’épouse des dix autres femmes ? Rien, sauf la valeur qu’elle possède aux yeux du mari qui doit faire le choix - rien, sauf le fait que son bonheur à lui nécessite sa survie.
L’éthique objectiviste lui dirait : votre plus haut but moral est l’accomplissement de votre propre bonheur ; votre argent vous appartient, utilisez-le pour sauver votre épouse. Voilà votre droit moral et votre choix rationnel et moral.
Considérez l’âme du moraliste altruiste qui envisagerait de dire à ce mari de faire le contraire. Et demandez-vous par la suite si l'altruisme est motivé par la compassion.

4. La source de l'évaluation
Un homme rationnel n’oublie pas que la vie est la source de toutes les valeurs et que, comme telle, elle est un lien commun à tous les êtres vivants (par opposition à la matière inanimée), que les autres hommes sont potentiellement capables de pratiquer les mêmes vertus que les siennes, et qu'en conséquence ils peuvent représenter une valeur énorme pour lui. Cela ne veut pas dire qu'il considère les vies humaines comme étant interchangeables avec la sienne. Il reconnaît le fait que sa propre vie est la source, non seulement de toutes ses valeurs, mais de sa capacité d’évaluer. Ainsi, la valeur qu’il accorde à autrui n’est qu'une conséquence, une extension, un prolongement secondaire de la valeur première qu’est lui-même.

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Par l'auteur de cette page, quelques textes un peu moins éducatifs, et qui néanmoins valent le détour : les recueils de nouvelles.


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