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Nouvelles et essais, par Julius Nicoladec |
Les nouvelles de 2015 à 2020 |
Par ordre alphabétique, les nouvelles parues ici et là de 2015 à 2020.
A côté si j'y suis | ||
Dans le n° 128 de la revue québécoise XYZ « Elles n’étaient pas très habillées les dames sur l’écran, mais bien jolies quand même. Il aurait aimé en avoir des comme ça sur son ordinateur. Par exemple, les petites jumelles. Parce qu’il n’avait pas eu le temps de bien voir le jour de la salle de bains. Une fois, son père était tellement concentré qu’il avait mis plusieurs secondes avant de se rendre compte qu’il était là et d’éteindre l’écran. Quand il avait demandé qui c’était, la dame, le père s’était mis en colère. Il avait vociféré des propos grossiers et, en plus, absurdes. « Tu commences à m’emmerder. Va donc voir à côté si j’y suis. » C’est là que tout avait commencé. » | ||
ArchivageParu dans le recueil 2015 des concours littéraires « Pourtant, elle faisait tant d'efforts pour essayer d'échapper à la grisaille de sa petite vie. Oh, elle n'avait pas à se plaindre, officiellement. D'ailleurs, les copines ne manquaient pas une occasion de lui faire remarquer qu'elle avait bien de la chance. Certes, elle était un peu fragile physiquement. Mais elle avait une très belle maison, à la limite du luxueux. Pas trop toutefois, pour qu'on s'y sente bien quand même. Les enfants étaient casés, comme on dit. Études brillantes, métiers intéressants, conjoints ravissants, des petits-enfants craquants, pas l'ombre d'une petite contrariété. Elle avait un mari exemplaire, directeur d'une entreprise florissante, bel homme, réputé fidèle, de la conversation. Bref, elle s'ennuyait à mourir. |
Bogues |
Dans le recueil de nouvelles 2018 "Elle n'aimait pas les châtaigners.Elle détestait les châtaignes. Celui-là en plus était un sale arbre, moche, pervers, qui s'était montré plusieurs fois prêt à abriter n'importe quelle turpitude." |
Calibre 9Dans le recueil "Si votre ramage..." " Un bouton de moins quand il était judicieux de faire moins austère. Pour ne pas rendre le devoir de maths sans représailles, il en fallait au moins deux. Après, pour les grandes manœuvres, il en fallait trois. Les gars n’écoutaient même plus ce qu’elle leur demandait. Ils répondaient oui à tout hasard, égarés vers d’autres perspectives qui leur donnaient le frisson de l’infini." |
Cens iniquePremier prix au concours de nouvelles 2015 des éditions Sagittaire « Sophie Hesse tenait donc sa petite commune avec compétence et fermeté, teintant n'importe quoi de couleur moyenâgeuse dès qu'elle le pouvait. Elle rêvait d'un monde bien calé. Que ce soit à l'échelle globale, ou dans la simple limite de sa compétence territoriale, force lui était toutefois de constater qu'on était loin du compte. Ce n'est pas parce qu'on aime les choses en ordre, qu'elles s'alignent toutes seules. Dès qu'on a affaire aux hommes, ça part dans tous les sens. "Le facteur humain", comme déplorait son premier adjoint. Les contrariétés de la pauvre femme commençaient d'ailleurs à domicile. » |
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Faire parler les portesDeuxième prix au concours de nouvelles courtes de Ceraf culture, décembre 2016. « Je m’étais étonné qu’il évalue ma maison à si bas prix. Il me répondit qu’avec une porte aussi tristounette, on ne pouvait pas faire mieux. Peu importent les charmes cachés, si le premier abord est peu engageant. Comme pour une femme ou pour un homme, avait-il ajouté perfidement. Avec l’air par en-dessous dont il me regardait, j’avais jugé plus prudent de ne pas demander de précisions. Mais j’en avais retenu que même pour une maison, une partie pouvait renseigner sur l’ensemble. Ça me rappelait Freud, qui prétendait tout déduire d’un patient à partir d’un seul de ses lapsus ou de ses bons mots. J’avais aussi une cousine qui pratiquait l’analyse des pieds. Il parait que tout y est imprimé, passé et futur. En y regardant de près, elle détectait toutes les maladies. Ce n’était pas forcément très ragoûtant, mais ça rapportait bien. Alors je me suis dit pourquoi ne pas tenter l’analyse des portes ? » |
Faux départs |
Dans le recueil "Concours littéraires 2017" « Vouloir aller y voir ailleurs, ce n’était pas vraiment nouveau. Ça lui avait en fait pris très tôt. Pour être précis, dans les heures précédant sa naissance, et il y avait malencontreusement donné suite. Il n’avait pas été bien loin, mais ç’avait été incontestablement sa première erreur. » |
FunambuleDans le recueil collectif "La vraie vérité ! Outre le côté pléonasme stupide, est-ce que quelqu'un a jamais su ce que c'était ? Les plus dangereux sont ceux qui croient que oui. Dire la vérité ! Exiger des autres des acrobaties qu'on ne saurait pas réaliser soi-même, en admettant qu'on en ait vraiment l'intention, je trouce ça abusif. Pourtant, en acrobatie, je m'y connais." |
Jalousies de guingoisVingt auteurs, vingt nouvelles primées sur le thème "Souvenirs d'enfance". Une galerie de tableaux impressionnistes aux couleurs flamboyantes ou pastellisées, quelquefois aussi légère et transparente qu’une aquarelle, fraîche encore d’une onde qui ne séchera jamais. "C'est qu'on n'ose pas s'avouer qu'il va bien falloir, un jour ou l'autre, rendre des comptes à l'enfant qu'on a été." |
L'amour connectéDans le recueil " Donnez-moi de vos nouvelles " regroupant les lauréats du 21e concours de nouvelles organisé par l’association de la poésie contemporaine française à Dijon. « Je ne peux vraiment pas raconter la suite, en tous cas pas dans les détails. Ce serait inconvenant. Le chemin était si peu fréquenté, son herbe si confortable, que nous ne primes pas la peine d'aller plus loin. Notre bel hommage commun au panthéisme ne comporta vraiment aucun aspect technologique. Certains de nous cinq piquaient bien un peu, mais on ne leur en tint pas rigueur. ça rajoutait même un petit je ne sais quoi de coquin… » Achat du recueil (12,50€) |
Les joies de la chèreDans le recueil "Désirs gourmands au Touquet" « Invité un soir par le grand Michel, avec son profil amusant de tête de castor, et son sourcil droit plus épais que le gauche, elle comprit qu’il y fallait une tourte de rattes à la charolaise et à l’échalote. Rien d’autre n’aurait pu convenir. Approfondissant sa démarche, elle comprit qu’il fallait veiller à bien hiérarchiser les valeurs. Ne pas choisir le plat en fonction de l’homme, mais choisir l’homme en fonction de ce qu’on allait manger.> »> |
Le goût des jolies chosesMicro-nouvelle du mois (100 mots), sélectionnée par la revue Harfang, |
Le pardonMicro-nouvelle de décembre 2017 |
Le ru |
Dans le recueil 2018 "Avant, il fallait nous mettre en condition. Nous déstabiliser. Elle commença donc par faire retrouver les vieilles bornes et les dégager. C’était elle qui avait raison. Elles s’étaient juste un peu enfoncées au fil des décennies, mais elles étaient bien là. Deux vieilles pierres de granit, en forme de trapèze, une de chaque côté." |
L'étang des grenouillesLauréat du concours ImaJ'nère polar 2017. « Trente ans d’enfer. J’ai fini ma peine. Je veux revoir ce sinistre étang, comme je me le suis promis tout au long de ces nuits de désespoir. Revenir sur les lieux du crime, comme ils disent. Sauf que c’était une forfaiture, une lâcheté immonde, mais pas un crime. Je n’ai tué personne, surtout pas elle. C’était un accident. » |
MisererePremier prix de la nouvelle pour "Miserere" |
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« Chose peu courante, ce psy-là était un imaginatif. Il me fit subir l’expérience de tomber dans toute une variété de trous, réels ou symboliques. C’est comme ça que je me suis retrouvé, entre autres, assistant d’un ramoneur, voyeur de serrure, en stage dans un service de coloscopie, inscrit à un séminaire sur les finances publiques. Une des explorations qui m’a cependant le plus marqué... |
Miss TerDans le recueil de nouvelles | |
« Plus il grandissait, plus il avait du mal à supporter le contradictoire, ou même simplement le flou. Théories philosophiques, religions, croyances diverses au surnaturel, tout cela le hérissait au plus haut point. Même les petits comportements magiques quotidiens l’énervaient. Mais, comme l’avait dit le grand sage dans ses vers d’or, « si parmi les hommes l’illusion prévaut sur la vérité, le sage se retire et attend jusqu’à ce que la vérité règne de nouveau. » Il aurait bien aimé tout de même pouvoir effacer toutes ces sottises d’un coup de sa petite gomme ronde. Il était désolé de voir les sottises dont les hommes peuvent se convaincre. |
Ombres et lumièresDans le recueil "Donnez-moi de vos nouvelles" Dire la vérité, mais d'une manière telle qu'on ne puisse pas y croire. Il faut faire les réponses ou un peu trop évasives, ou à l'opposé entrer dans tout un tas de précisions sans intérêt qui suscitent la méfiance. Un classique, la fausse hésitation sur le nom d'une fille. "Hein ? Mathilde ? C'est laquelle, déjà ?" |
PerformanceDans le n°160 de la revue Florilège, septembre 2015. « Rendez-vous aux pieds de Saint Paul à 8 h. |
Pisum exitiosumPremier prix au concours de nouvelles de l'Attelage « Mon père était un homme de grande ambition. Il avait deux aspirations : laisser son nom à la science, et avoir une descendance digne de lui. Pour le premier point, il voulait contribuer à approfondir les lois de transmission de la vie. Pour le second, il voulait que ses enfants soient des chefs d’œuvre de la nature. Comme il était plutôt petit, d’un physique assez banal, mais très intelligent, il avait choisi d’épouser une belle grande Suédoise sans trop se soucier de son intellect. Il s’était dit que ça ferait de beaux croisements, de grands enfants beaux et intelligents. Il ne fut pas déçu par le premier, qui correspondait aux attentes, en tout cas au début. Mais au second, ce fut la catastrophe. » |
Quand je serai petit« Quand je serai petit, je ferai plus attention. » Je regardais mon père avec inquiétude, du bas de mes huit ans. Je trouvais que plus je vieillissais, plus je lui ressemblais. Ça allait forcément mal finir. C’est pour ça qu’il fallait que je reparte plus au début, pour reprendre les choses différemment. Retrouver l’endroit où j’avais dû prendre la mauvaise direction. » |
Rééducation fonctionnelle | ||
Dans le numéro 127 de la revue québécoise XYZ « C’est difficile à avouer, mais question câlins, je suis un vrai désastre. Ce n’est pas la motivation qui me manque, c’est la technique. Je suis régulièrement à contretemps. Figé en pause juste quand il faudrait enchaîner, en dérapage incontrôlé quand il faudrait épeler calmement. Déjà que je serais plutôt adagio, et elle nettement scherzo. Mais, même quand elle accepte qu’on la joue en mouvement lent, je lie mal, je ponctue à tort et à travers. J’aimerais pourtant tellement devenir une sorte de virtuose. » |
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Trois heures et quartPremier prix du concours 2018 " Et puis, franchement, je n'avais qu'à pas l'ouvrir. Je le sais pourtant qu'on évite bien des soucis en laissant les enveloppes fermées. Puisqu'on vous les a apportées comme ça... Décacheter n'importe que lettre à la va-vite, sans même savoir ce qu'il y a dedans, c'est décidément bien irresponsable." Téléchargement du recueil sur le site d'Encres vives |
Un crime parfait |
Dans le n°169 de la revue Florilège
Histoire courte en cent mots. |
Un fauve en hiver | |
Dans le recueil de nouvelles des "Après-midi de Saint-Flo" « Elle regardait parfois ledit voisin par sa fenêtre, non sans une petite pointe de nostalgie, quand il entretenait sa pelouse. Ce n’était qu’une pâle copie, mais c’était suffisant pour la ramener vers un passé lointain. Au vu de la détermination tranquille avec laquelle il faisait avancer son engin, l’efficacité et l’économie de moyens, elle se serait bien momentanément rêvée incarnée en tondeuse. Il portait short minimal et T-shirt à manches courtes, il avait une musculature qu’on devinait ferme. Surtout, il fallait le voir faire son demi-tour quand il arrivait contre la haie. Ça lui rappelait un peu la vigueur et le savoir-faire de son mari en d’autres occasions. Lui aussi maniait à perfection les changements de direction. Une sûreté du geste, un contrôle parfait de la situation. » |
Un verre casséNouvelle parue dans le n°147 de la revue Moebius(Montréal) « Le mensonge et la vérité ont souvent une même odeur et une même saveur. La mort, le rêve, la trahison ou l'espoir ne tombent pas avec évidence d'un côté ou de l'autre de la frontière. La vérité, qu'on pourrait croire pure et translucide comme le cristal, a pourtant des crocs et des griffes. Le mensonge, qu'on imagine cruel comme l'oeil de Satan, a parfois la douceur de la soie. Dans les textes qui suivent, on verra nos sens nous tromper, nos souvenirs être falsifiés, le rêve et la mort semer le doute; les pouvoirs médiatiques s'élever en dignes représentants de la vérité. (Mario Vivier, pilote du numéro) La presse canadienne |
VidangesNouvelle parue dans le tome 2 « On se dit fatalement un jour ou l’autre que, contrairement à ce qu’on nous avait appris quand on était petit, un acte de violence bien conçu, par exemple un petit meurtre, ça peut vraiment simplifier la situation. Inutile de protester, c’est venu un jour ou l’autre à l’esprit de tout le monde. La plupart se contentent d’en rêver. Mais ils s’arrêtent là, par sensiblerie, par résidu de morale, par manque d’imagination pour réaliser la chose, ou plus sûrement, la plupart du temps, par simple manque de courage. Eh bien, d’un certain côté, tant >mieux pour eux. Parce que quand on a le cran d’y aller, une fois passée l’euphorie du geste accompli, on a vite fait de déchanter. » |
Certaines de ces nouvelles et d'autres sont éditées en recueils... |
màj 220602 |
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