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Nouvelles et essais, par Julius Nicoladec

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Giuseppe Collara, un parcours de Cefalù à Prémery.

Entre Loire et Méditerranée

Giuseppe Collara est né en 1948 à Cefalù, non loin de Palerme, en Sicile. C’est là qu’il reçoit sa première formation artistique, commençant, notamment à travers le travail du bois, à aiguiser son sens de la manipulation des matériaux. Il fréquente ensuite l’Académie des Beaux-Arts à Palerme dans la section peinture, puis la section « Nus » de l’Académie des Beaux-Arts de Rome. Il réalise en 1968 « Apocalypse et Love », une première fresque de grande dimension. Il est professeur d’Éducation artistique dans la province de Padoue de 1970 à 1989. Puis, découvrant la France, il y exerce comme professeur d’Arts plastiques dans la Nièvre et dans le sudt, tout en menant parallèlement sa vocation d’artiste peintre et de sculpteur.... De nos jours, entre deux épisodes italiens, on peut, à l’occasion, le rencontrer à Prémery, où il est bien connu, et où il possède un second atelier. « Dans ma sensibilité poétique, je sens la rencontre et la fusion de ces deux terres, l'une baignée par la Méditerranée et l'autre baignée par la Loire. » Il a participé à de nombreuses expositions, tant en Italie qu’en France, depuis 1964. Notamment à la maison de la culture de Nevers en 1994 (Exposition « Matieremotions »), à Prémery en 1995, à la « Galerie du Larith » à Chambéry (France). En 1999 à Saint-Saulge, dans la Nièvre, il expose au « Festival Arts et Paroles », y créant des sculptures originales faisant corps avec les pommiers du parc. En 2017, lors de l’exposition collective « Retour de Kastellaun », puis en 2019, il expose à la Galerie 34, à Prémery.

Au delà du figuratif, matières et émotions

La découverte de la France en 1990, marquée par un très relatif détachement de son Italie natale, a été porteur d’une évolution post cubiste et expressionniste, débouchant sur un dépassement du figuratif vers une expression plus physique de la puissance émotionnelle et existentielle. Il s’émancipe progressivement de la nécessité de l’image. En effet, celle-ci n’est pas indispensable à l’expression de l’intensité des émotions. Son œuvre, désormais « abstraite », n’est aucunement un reniement des débuts figuratifs, mais au contraire une continuation, un accomplissement. "L'énigme, l'anecdote, le mystère, la magie n'ont pas forcément besoin d'image. Ils peuvent être exprimés par la vitalité de la matière et la force de la couleur". Devant maintes de ses toiles, on ressent à quel point le terme d’abstraction est approprié, tant, en l’absence de toute simulation figurative, on reçoit néanmoins on ne peut plus concrètement la puissance de l’émotion qui en émane. Il vient au contraire l’impression d’un réalisme plus fondamental, à la fois plus sobre et plus intime, celui de l’émotion suscitée par la matière, la couleur, la lumière. Nul commentaire prétendant en délivrer le sens : « La matière devient le moyen essentiel pour privilégiier, pour évoquer souvenirs, présences lumineuses, émotions… L’œuvre est le lieu du mystère...elle doit se montrer telle qu'elle est sans aucun commentaire et se laisser regarder et contempler dans le silence." (Préface à la brochure pour l’exposition "Matieremotions", Nevers,1994.) À chaque spectateur, la liberté de son voyage. À lui de découvrir, en résonance avec sa sensibilité propre, ce que l’œuvre peut susciter en lui d’intime et de profond.

Se débarrasser de tout artifice

Ces œuvres dites abstraites, laissent néanmoins paraître qu’il y a derrière un parcours d’étude du dessin, de connaissance des techniques figuratives. S’il est pleinement assumé, le glissement vers le non figuratif n’est pas pour autant un reniement, il se veut retour à l’essentiel. « Écouter le silence, voyager dans l'émotion et la mémoire » pour une recherche de la vérité, mais aussi de l’illusion, de l’éphémère, qui sont tout autant composantes essentielles de l’esprit humain. En particulier, même si depuis 1990 son œuvre s’exprime avec un langage abstrait, gestuel et matérialiste, la figure humaine en reste une source essentielle d’inspiration. Sensible depuis son jeune âge à l’œuvre de Michel-Ange et du Caravage, il garde comme souci d’exprimer l’humain, tant dans ses espoirs que dans ses souffrances, dans la jeunesse que dans le déclin de la vie.

Peinture et poésie

Giuseppe Collara illustre également des livres de poésie, en Italie et en France. Parmi ces créations, on trouve « Rossoverde », de Rosanna Perozzo, Padoue 1987. Ou encore "Poèmes sans Frontières" de Jean-Yves Debrousse, Nevers 1992, au bénéfice de l’organisation humanitaire Pharmaciens sans Frontières. En 1999, il illustre d’une série de 20 aquarelles, en nuances de violet et de bleu, « Le Ragioni della Notte » (Les Raisons de la Nuit) d’Angela Di Francesca.(1999). Avec des dessins joignant métaphore et émotion, il en souligne l’atmosphère énigmatique, redoublant la force des textes de l’intensité de sa vision.

Quelques liens pour en (sa)voir plus

● Une présentation en italien : https://digilander.libero.it/angeladiana/collara.html .
● Quelques photos : http://galerie34-premery.fr/artistes/collara/collar.htm
● La page Facebook : https://www.facebook.com/giuseppe.collara


La revue Florilège

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